JPO – Avancée et déception

19 Fév

Aujourd’hui (19 février 2011) journée portes ouvertes au lycée. Nous avons enfin pu tester en réel les fonctionnalités d’un textile imprimé avec QRcode *.

Retour sur le projet

L’alliance d’une réflexion sur les enjeux du nomadisme en pédagogie et l’immersion dans le milieu textile m’a amené à réfléchir sur la place des QR codes dans un espace collectif qu’est le lycée. Mon lycée est immense, situé sur trois sites distants, on y dispense des formations très variées qui amalgament la maintenance, la chimie, l’industrie des matériaux souples (IMS), la productique textile (Tissage et ennoblissement) et le design (espace, produit, mode, textile, communication visuelle, prépa) sans oublier le pré bac bien sûr. Dans ce babel pédagogique il est nécessaire de communiquer efficacement.

En association avec Bruno Venturelli (professeur de technologie textile, spécialiste de l’impression numérique), nous avons essayé de penser un textile qui puisse communiquer., un textile qui interagisse. Depuis quelques temps ma veille me renvoyait, de plus en plus souvent, des articles sur les QR codes*, sur l’interaction, sur l’interface homme-objet.

Il nous a semblé pertinent de lancer la réflexion et de tester un textile avec impression de QR code, qui puisse servir de support d’information souple et ubiquitaire dans un lycée.

 

Le kakemono que nous avons réalisé permet de charger les fiches des formations présentées lors des JPO **

  • Le constat

– Notre lycée est structuré sur le principe d’une organisation spatiale éclatée, nous travaillons sur trois sites distants. L’information doit passer rapidement et simultanément sur l’ensemble des sites, il est nécessaire de prévoir des objets de diffusion multiples et modifiables. Déployer ce dispositif dans une enveloppe budgétaire modérée.

– Dans un lycée aussi grand que le notre, installer des écrans, se révèle être un investissement très important et très compliqué. Où installer ces écrans dans un lycée qui « traboule« , quels sont les lieux pertinents pour fixer un écran avec une efficacité informationnelle maximum ? Comment coordonner les infos compte tenu de l’éloignement géographique ds bâtiments ? Que se passerait-il si un programmiste modifiait les ères de circulation des élèves et professeurs ? L’écran serait voué à renvoyer des informations là ou plus personne ne passe – Ce n’est pas sa vocation !

– Désinstaller, réinstaller un organe complexe (l’écran), pour l’exposer à nouveau à la vue des intéressés ? Cela ne peut se faire qu’en mobilisant des moyens humains, techniques et financiers considérables- On frôle le gâchis !

– Un écran qui « rend l’âme » c’est un objet difficilement recyclable, un textile se recycle plus facilement.

– La montée en puissance des smartphones semble inéluctable, les prévisions des taux d’équipement sont représentées par des courbes ascendantes. Pourquoi dans cette hypothèse multiplier les écrans ?

  • La proposition

Le kakemono avec QR code pourrait être déployé en plusieurs exemplaires sur les divers sites, là ou on l’estime pertinent en terme d’efficacité. L’interface kakemono – application web pourrait permettre de sélectionner les informations à diffuser (nouvelles du lycée, expositions, projets …). Il resterait aux utilisateurs à sélectionner l’information qui leur paraîtrait la plus pertinente ou la plus adaptée à leurs besoins.

 

Trois sites, une application web, des kakemonos répartis. Peu importe la distance entre les sites, une information transmise en simultané sur l’ensemble des sites.

 

 

 

  • Les avantages escomptés

– Rendre souple le communication en l’adaptant aux trajets réels des acteurs du lycée

– S’affranchir des contraintes des écrans fixes

– Permettre aux destinataires de l’information de stocker les messages (prolonger le visuel)

– Favoriser l’interaction – Les lecteurs des messages peuvent déposer des commentaires (l’information n’est plus seulement descendante)

  • Les questions

Les concepts développés dans ce billet posent de nombreuses questions quant au développement. A ce moment je n’y ai encore apporté aucune réponse :

  1. Quel support pour fixer le kakemono ?
  2. Faut-il le placer au sol ou en hauteur. Au sol on prend le risque de la lacération, du tag; en hauteur on prend le risque de la non lecture par l’appli du smartphone.
  3. Quelle réflexion design sur le kakemono et son support ?
  4. Accepte t-on que les élèves utilisent un smartphone dans les couloirs ?
  • Historique technique du projet.

Les JPO nous ont permis de tester une version béta. C’est une version qui avait ambition de tester la solution technologique et de la valider in situ. Avant cette journée nous sommes passés par plusieurs phases. 1 ) Trouver des applications web qui nous permettaient de générer des QR codes 2 ) Copier le QR code affiché sur l’écran de mon Imac pour le convertir en image au format .tiff 3 ) Convertir l’image .tiff en format .tiff lisible par l’imprimante numérique (passage par une manipulation photoshop), impression numérique, confection.

Nous sommes passés par trois prototypes – Le premier nous a permis de valider le fonctionnement du QR code sur textile. Le second a consisté à réaliser un kakemono avec QR code, texte d’appui et un travail de surjet pour rendre le textile harmonieux – Échec parce que les QR codes renvoyaient sur un message d’erreur 404. Le troisième version, celle que nous avons exposée, a fonctionné 🙂

La suite du projet est certainement de demander à un designer d’imaginer le kakemono sous un angle sensible.

  • Le kakemono en situation – Du concept à la technologie, de la technologie à la pratique …

Je le savais l’innovation ne se décrète pas. J’ai observé les attitudes des gens face à ce textile (il y avait un texte explicatif). J’en retire une typologie rapide :

  1. Ceux qui passaient devant le tissu (situé dans un lieu de grand passage et visible) sans s’arrêter (les pressés) ;
  2. Ceux qui demandaient des explications parce qu’ils n’avaient jamais entendu parler des QR codes (les curieux) ;
  3. Ceux qui connaissaient les QR codes mais n’avaient pas de smartphones (les déçus) ;
  4. Ceux qui revendiquaient posséder un téléphone qui ne fait que téléphoner, « et c’est tant mieux « (les réfractaires) ;
  5. Ceux qui avaient un smartphone mais qui n’avaient pas l’application lecteur (les hésitants) ;
  6. Ceux qui avaient le smartphone, le lecteur mais pas de connexion (Les techno-malchanceux ) ;
  7. Ceux qui avaient le smartphone, la connexion mais n’arrivaient pas à centrer le QR code (Les techno-maladroits) ;
  8. Ceux qui se sont arrêtés immédiatement en voyant les QR codes, qui ont dégainé le smartphone et ont engrangé l’info (Les techno-geeks)

On le constate une idée mise en forme (une innovation) plongée dans le milieu social se heurte à beaucoup d’obstacles.

  • … De la pratique aux conclusions

En résumé une belle leçon de modestie. Je m’aperçois qu’extrait de mon milieu geek la réalité est plus dure que je ne l’imaginais. L’innovation est un chemin semé d’embûches. Cela n’entame en rien ma détermination parce que j’aimerais bien présenter ce projet aux responsables de la région Rhône – Alpes. Tentons d’imaginer le lycée de demain, un lycée souple, communicant, un lieu de communication réticulaire permettant à la fois la collaboration et la coopération –

Imaginons !

Le kakemono y aurait sa place il me semble.

 

** Les billets qui étaient téléchargeables à partir du kakémono

  • Les explications – ici
  • La fiche formation DMA – ici
  • La fiche formation productique textile – ici
  • La fiche formation design de mode option surface – ici
  • La fiche formation design de mode option stylisme – ici
  • La fiche formation IMS – ici

 

Cette étape N°1 préfigure l’étape N° 2, j’en parlerai ici !

 

Un glossaire est utile pour comprendre les enjeux de ce travail :

  • QR code – ici (source site QR dress code)
  • Flash code – ici (source site QR dress code)
  • Lecteur QR code – ici (source site QR dress code)
  • Générateur QR code – ici (source site QR dress code)
  • Smartphone : « Un smartphone, ordiphone ou téléphone intelligent, est un téléphone mobile disposant aussi des fonctions d’un assistant numérique personnel. Il peut aussi fournir les fonctionnalités d’agenda, de calendrier, de navigation Web, de consultation de courrier électronique, de messagerie instantanée, de GPS, etc. » – Wikipédia

 

 

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* [Le QR Code est un code barre à 2 dimensions qui permet de stocker des informations numériques (textes, adresses de site web, etc.). Il peut-être déchiffré à partir d’un téléphone mobile équipé d’un appareil photo et du lecteur approprié. Imprimé sur un support ou placé dans l’environnement urbain, il permet de relier l’espace physique et l’espace numérique.] – Site QR code

5 Réponses to “JPO – Avancée et déception”

  1. octoprint 21 février, 2011 à 10:07 #

    Très belle initiative techno-ecologique, avant-gardiste avec ce que cela suppose de déception 😉 En tout cas la preuve est faite que le textile est un excellent support pour le QR-code. L’attitude des techno-geeks laisse à penser quelle sera celle de tout à chacun dans les mois à venir. Bonne continuation sur cette voie ! Une question : pourquoi ne pas avoir utilisé la couleur pour vos impressions ?

    • Jean-Paul Moiraud 22 février, 2011 à 7:23 #

      Bonjour,

      Merci pour le commentaire. Oui je suis persuadé qu’il faut attendre la diffusion des smartphones pour que cette idée devienne moins confidentielle.

      Je n’ai pas utilisé de couleurs parce que j’en suis aux tests, au prototypage. Il y avait un peu de couleurs dans le kakemono mais la photo ne permet pas de le voir. En outre le tissu n’était pas fixé à la vapeur. Si cela avait été fait les couleurs auraient été sublimées et visibles.

      Cordialement

      jpm

  2. Gérald Delabre 23 février, 2011 à 10:37 #

    A ajouter à la typologie: le e-teacher fou !
    Ce dernier pense qu’il faut mettre des QR partout car c’est gratuit, car seul 1/8e de la population comprend de quoi il s’agit et peut l’exploiter.
    On départ, les cours en QR cela fera rire, puis on pensera que c’est dangereux, (des mots, pas des QR !), et puis comme d’habitude, on y viendra, pour cela, ou pour autre chose auquel nous ne pensons pas aujourd’hui…
    Ne pas oublier : Quand le e-teacher dématérialise le savoir, l’idiot regarde la souris..!

  3. Thierry Guilbert 27 février, 2011 à 12:42 #

    Bonjour,
    Heureux papa et maman, nous sommes venus de Marseille, pour découvrir le lycée Diderot à l’occasion des JPO, en compagnie de notre fille Nina qui souhaite vivement intégrer le DMA costumier réalisateur en septembre prochain.
    Mon métier, que j’exerce pour une agence spécialisée en marketing client, m’amène à travailler en cross canal sur le marketing mobile et ses applications client (applis – géolocalisation – qr code – sms – …) en proposant l’information (… et la promotion commerciale)de la façon la moins intrusive possible.
    Autant dire que découvrir votre expérimentation a été source de plaisir pour moi ! C’est la matérialisation du déploiement de ces innovations techno, jusque dans l’univers pédagogique, auprès d’un cœur de cible avéré, les jeunes.
    Votre expérimentation n’en n’est plus une, puisque qu’elle est opérationnelle. La question qui se pose est bien de savoir comment déployer ces projets et les faire vivre et utiliser au quotidien par le plus grand nombre. C’est en effet un outil discriminant à la base, puisque il faut posséder un smartphone pour accéder à l’information.
    Vous avez raison, aujourd’hui, l’usage du QR code est encore un peu compliqué, alors que demain il sera un canal de contact évident.
    7 millions de smartphones, c’est bien. Mais 70% des applications téléchargées ne sont utilisées qu’une seule fois ! Autant dire que la pertinence du service proposé est essentiel à la réussite de ces projets et à leurs pérennité… Sans parler de la bataille des plateformes qui incitent à une grande prudence quant aux choix technologiques à faire.
    Alors, pour votre lycée, quelle stratégie pour favoriser l’usage de ces QR code ? faut-il une information descendante et chercher à faire du Pull (attirer les étudiants vers les QR) de façon récurrente ? L’intérêt et la pertinence du contenu risquent rapidement de lasser les élèves, une fois l’aspect innovant digéré.
    Est-il préférable de créer le besoin et l’envie en favorisant l’appropriation du QR code par TOUS vos élèves, possesseurs ou non de smartphone ? voilà sans doute une idée à creuser… L’élève disposant d’un QR pour son propre compte sera plus à même d’en comprendre l’intérêt et de venir (et revenir) chercher l’information que vous mettez à leur disposition.
    Une idée ?
    Création d’un vêtement (tee-shirt, bracelet textile, … ou garde-robe) portant un QR code personnel qui emmène vers le CV de l’élève, accompagné d’une lettre de motivation : utile pour chercher ses stages, intéresser un créateur qui n’a pas le temps de lire un cv papier, …. A coup sûr, un « employeur » flashant le QR prendra le temps de lire le cv plus tard, sur son mobile.
    Les QR sont très facilement personnalisables pour amener vers une page Web.
    Vos élèves se promènent dans les salons, les manifestations, … et rencontrent des professionnels.
    Vos élèves produisent leur création.
    Bref, un exercice qui lie la pratique, la pédagogie du marketing mobile et qui offre un bénéfice immédiat pour l’étudiant : je suis moderne, je propose mon cv sur mes fringues … Une bonne façon d’allier mode et technologie…

    Voilà en quelques mots ce qui pourrait, peut-être, vous aider à déployer le QR dans votre Lycée, au bénéfice de vos élèves… Et avec un peu de chance, notre fille Nina aura cet exercice à réaliser l’an prochain !

    Merci de votre écoute et si vous passez par Marseille, je serais heureux de vous accueillir, afin d’échanger sur le sujet,

    Thierry Guilbert

  4. Jean-Paul Moiraud 27 février, 2011 à 1:45 #

    Bonjour,

    Merci pour votre commentaire. Vous résumez bien l’état de mes réflexions. Sur un point je suis plus optimiste que vous, « la lassitude des élèves ». Il me semble que le QR code va permettre de rendre nos élèves moins dépendants des écrans (coincés derrière un écran pour obtenir une ressource). Le QR code annonce une possibilité de (ré)investir une multitude de supports et de les rendre communicants. J’y vois une belle opportunité pédagogique et un bel espoir (voir diminuer l’influence de cette affreuse salle d’informatique). Nous avons devant nous un immense champ d’investigation, les pédagogues ont encore du travail d’exploration.

    Cordialement

    jpm

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