Le corps dans l’espace de formation

25 Mar

  1. Qu’on se le dise, mettre des roulettes aux chaises n’est pas un signe d’innovation …

Chers lecteurs,

Pour la première fois depuis que je couche mes réflexions sur ce blog, je vais tenter l’expérience de l’interactivité.

Je vais revenir sur un champ de mes réflexions, le corps apprenant. Dans les dispositifs d’apprentissage on aborde de très nombreuses problématiques mais elles s’inscrivent très généralement dans le cadre d’une classe, d’un amphithéâtre, d’une salle de TD, d’une salle de formation. Les élèves, les étudiants, les stagiaires s’inscrivent très généralement (car ce n’est pas systématique)dans un cadre somme toute assez classique c’est-à-dire assis avec une table devant eux, les tables alignés, le regard orienté devant pour écouter l’enseignant. C’est la proposition la plus couramment évoquée, elle est tellement inscrite dans le paysage qu’elle semble faire (presque) l’unanimité.

Un corps droit, assis, face à une table/bureau. A la lumière de mes lectures il semblerait que nous soyons toujours dans la même posture que décrivait Jean-Baptiste de la Salle dans son ouvrage intitulé de « De la conduite des écoles chrétiennes« . Je l’ai souvent évoqué dans d’autres billets. « Pour apprendre il faut se tenir droit » disait Jean Baptiste de la Salle. Il me semble que ce principe (dogme ?) est toujours d’actualité.

La question que je me pose est la suivante: »Doit-on se tenir droit pour apprendre ? »  Si la question est simple dans sa formulation, elle est d’une construction complexe pour la réponse (Je n’ai pas d’avis tranché pour la réponse, je tiens à le préciser.)

Cette question est vaste et interroge de nombreux champs disciplinaires :

  • L’histoire. L’expérience de Marly le Roi était déjà dans ce questionnement ;
  • Le sciences de l’éducation, l’infocom, avec la question de la posture professionnelle. Qu’en pensent les enseignants-chercheurs ? ;
  • Le design puisqu’il faut concevoir des solutions spatiales (design d’espace), des objets mobiliers (design d’objets). Le concours Jean Prouvé avait été une réponse à cette question. Quelles sont les postures, les analyses sur ce sujet ? Nous ne percevons de l’objet que la version finale mais il est le résultat de partis pris, d’une démarche construite inscrite dans la confrontation d’une multitudes d’influences. Quelles sont les analyses des designers ?
  • La sociologie au sens où il fait interroger les espaces et les formes d’apprentissage au 21ème siècle. L’espace institutionnel est-il la seule référence à prendre en compte ? Quid de l’espace personnel quand se développe le télétravail, le e.learning, lorsque les solutions mobiles se sont insérées dans notre écosystème technologique ? ;
  • Les politiques des collectivités locales qui doivent penser les futurs locaux, aménager les anciens. Une classe « classique » est une forme de rationalisation économique de l’espace mis à disposition. Quelles sont les démarches engagées ;
  • L’architecture. Quelles sont les postures des architectes lorsqu’ils sont engagés dans la conception des structures de formation ?
  • Le management. Comment les chefs d’établissement doivent-ils s’emparer de cette question ?
  • Les corps d’inspection. Quelles politiques d’accompagnement envisagent-ils sur cette question ?
  • Les élèves, les étudiants et les stagiaires, comment vivent-ils leur environnement de travail ? (puisque cet article se veut collaboratif, j’ajoute une remarque venue de twitter)

 

Mon questionnement n’a pas pour objectif de proposer une solution à la place d’une autre mais bien de questionner la place du corps apprenant dans un environnement en mutation. Il n’y a pas de bonnes réponses, ni de mauvaise d’ailleurs. Il y a des réponses argumentées, puisant leurs sources dans les écrits, les recherches. Dans une intervention j’avais posée cette question :  » Faut-il panser la classe ou penser les stratégies spatiales ? « 

Je propose donc à ceux qui me lisent, qu’ils soient designer, architectes, pédagogues, sociologues, enseignants, personnels de direction, inspecteurs, responsables de collectivités territoriales, … de me donner leur avis argumenté sur les postures du corps dans les dispositifs d’apprentissage.

Si vous souhaitez participer, utilisez le mode commentaire. Je me réserve le droit de filtrer les réponses pour la mise en ligne mais je ferai une synthèse des réponses reçues quelque soit la teneur des propos. Y compris s’il y a peu ou pas de réponses. Tenter l’expérience de l’interactivité c’est accepter par avance qu’elle ne soit pas au rendez-vous.

Alors à vos claviers pour répondre à cette question sur le corps apprenant.

« Faut-il se tenir droit pour apprendre ? »


Réponse de Ninon Louise le Page (Canada / Québec)

Bonjour Jean Paul, je rédige présentement un court article sur le phénomène « flexible seating » où des enseignants, principalement des écoles primaires mais quelques uns du début de collège sortent quantité de bureaux de leurs classes et y faire entrer des fauteuils, des coussins, des tapis, des ballons d’exercices et même parfois des vélos stationnaires. Nous sommes à l’opposé de Jean Baptiste de la Salle qui dit que « pour apprendre il faut se tenir droit » quand nous voyons ces écoliers à plat ventre sur un tapis travailler sur leurs tablettes.
J’aime ta question sur la position du corps apprenant dans un espace en mutation. Je n’ai pas beaucoup de réponses si ce n’est que déjà en 1912, Maria Montessori observait que « devoir se tenir droit pour apprendre » avait un effet négatif sur l’apprentissage. La très sérieuse et célèbre Clinique Mayo à Rochester, New York, suite à une étude auprès de 300 écoliers pendant  une année scolaire a démontré que travailler debout devant un table, que bouger pendant la classe et utiliser une variété de posture augmentait de 12% la capacité d’attention des écoliers. Les études se poursuivent sur la question des aménagements flexibles. Cependant, je décèle certaines tendances. D’un part, au Québec, ce sont des enseignants qui prennent l’initiative des changements et qui paient souvent eux-mêmes les nouveaux mobiliers qu’ils se procurent lors de vide-greniers, dans des magasins à rabais ou encore construits par un conjoint ou un parent. Le tout est donc très artisanal mais  illustre la créativité de ces enseignants. La plupart des élèves apprécient ce type d’aménagement. Certains préfèrent les  bureaux classiques. Il faut donc respecter les élèves dans leurs préférences. Il semble que certains petits écoliers de première année sont déçus de ne pas entrer « dans une vraie classe ».

Voici une réponse très partielle à ta question


Un article de Bruno Devauchelle – Je l’insère sans avoir demandé l’autorisation à Bruno mais j’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur

4 Réponses to “Le corps dans l’espace de formation”

  1. Ninon Louise LePage 25 mars, 2017 à 8:51 #

    Bonjour Jean Paul, je rédige présentement un court article sur le phénomène « flexible seating » où des enseignants, principalement des écoles primaires mais quelques uns du début de collège sortent quantité de bureaux de leurs classes et y faire entrer des fauteuils, des coussins, des tapis, des ballons d’exercices et même parfois des vélos stationnaires. Nous sommes à l’opposé de Jean Baptiste de la Salle qui dit que « pour apprendre il faut se tenir droit » quand nous voyons ces écoliers à plat ventre sur un tapis travailler sur leurs tablettes.

    J’aime ta question sur la position du corps apprenant dans un espace en mutation. Je n’ai pas beaucoup de réponses si ce n’est que déjà en 1912, Maria Montessori observait que « devoir se tenir droit pour apprendre » avait un effet négatif sur l’apprentissage. La très sérieuse et célèbre Clinique Mayo à Rochester, NY, suite à une étude auprès de 300 écoliers pendant une toute une année scolaire à démontrer que de travailler debout à des tables, de bouger pendant la classe et d’utiliser une variété de posture augmentait de 12% la capacité d’attention des écoliers. Les études se poursuivent au sujet des aménagements flexibles. Cependant, je décerne certaines tendances. D’un part, au Québec, ce sont des enseignants qui prennent l’initiative des changements et qui paient souvent eux-mêmes le nouveau mobilier qu’ils se procurent lors de vide-greniers, dans des magasins à rabais ou encore construits par un conjoint ou un parent. Le tout est donc très artisanal mais aussi illustre la créativité de ces enseignants. La plupart des élèves apprécient ce type d’aménagement, mais certains préfèrent les classiques bureaux. Il faut donc respecter les élèves dans leurs préférences. Il semble que certains petits écoliers de première année sont déçus de ne pas entrer « dans une vraie classe ».

    Voici une réponse très partielle à ta question.

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