Monde virtuel ou skype ?

15 Mai

Ma pratique des mondes virtuels se partage (pour l’instant) en deux pôles distincts :

  • L’organisation de conférences en ligne pour confronter les analyses du monde professionnel et les enjeux de la formation ;
  • L’individualisation des parcours.

Une question m’a été posée, pourquoi développer autant d’énergie dans les mondes virtuels pour l’individualisation (one to one) alors que les systèmes de visio-conférence sont tout aussi efficaces (et peut être plus souples ) ? La question est intéressante et mérite une réponse que je vous propose d’exposer ci-dessous en plusieurs points :

J’enseigne la gestion en design de mode

Il me semble important de rappeler en permanence que ma mission est d’enseigner la gestion, il ne faut jamais perdre de vue ce point déterminant. J’ai un cadre horaire déterminé, un programme « à boucler« . Je ne peux par conséquent à l’infini multiplier les solutions techniques (même si beaucoup me séduisent). Mes analyses a priori me contraignent à un moment donné, à procéder à des arbitrages – je retiens ou je rejette. Je scénarise mes enjeux technologiques.

J’ai retenu le monde assemblive parce qu’il contient aussi une solution de visio-conférence inside. Je n’ai ainsi nul besoin de demander à mes étudiants de charger le logiciel Skype (ou équivalent) et Assemblive, ce qui me contraindrait de former aux modalités et fonctionnalités de deux systèmes. Les temps de formation outils ne viennent donc pas en déduction des temps d’apprentissage (ils sont en tout cas extrêmement réduits).

La salle de classe est un lieu neutre

Lorsque nous sommes dans nos classes ou nos amphithéâtres  (en situation réelle) nous respectons un principe de neutralité, ce lieu est destiné à l’acquisition des savoirs. J’entre donc dans ce lieu fort de mon statut d’enseignant avec une obligation de neutralité. Lorsque je j’investis les réseaux numériques pour une mission d’apprentissage, je peux me trouver dans un lieu privé (mon appartement par exemple). La webcam est à mon avis un instrument qui biaise la relation enseignant / apprenant. Mon appartement n’est plus un lieu neutre, il est une sphère de l’intimité. L’agencement des lieux, les personnes qui y circulent, les objets qui y sont disposés reflètent  une part d’un moi que je ne souhaite pas livrer à mes étudiants. La webcam fait entrer une part de ma vie privée par le prisme de son champ de vision.

Le design du monde virtuel, l’apparence de l’avatar sont à mon sens des éléments très importants du dispositif de formation parce qu’ils recréent un lieu neutre indispensable et concomitant  au dispositif de formation. C’est aussi une raison pour laquelle j’ai choisi ce monde. Un design assez sobre, même s’il n’est pas marqué par une esthétique très forte, qui cadre ce besoin de neutralité (il est la réplique d’un espace d’apprentissage). Il se démarque en tout cas des designs des espaces et des avatars  (qui frisent parfois la vulgarité, je pèse mes mots) que l’on trouve parfois dans second life.

Il m’arrive de travailler dans les mondes virtuels à des moments hors les temps de présence statutaire, je revendique le droit de pouvoir être vêtu de façon plus décontractée, plus relachée. Une visio conférence me contraindrait de prendre soin de mon apparence et de travailler la neutralité du champ visuel. Je ne veux m’y plier en aucune manière, le monde virtuel résout ces problématiques.

En conséquence un espace immersif concentre un ensemble d’avantages qui le rend proche par sa structure de la classe en configuration réelle.

Pour toutes ces raisons je pense que le paradigme de la virtualité est plus adapté que la visioconférence. Les interactions peuvent être assurées de façon tout aussi efficace en s’affranchissant des flux vidéos.

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  1. Twitter et Facebook pour mes futurs étudiants | Rémi Thibert - 16 juin, 2010

    […] organise des conférences virtuelles avec des professionnels de la mode pour ses étudiants. Il préfère le recours à des avatars plutôt qu’utiliser la visio-conférence notamment parce que l’outil est moins intrusif […]

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