Bilan d’activité pour l’année 2008 /2009

16 Avr

Premier bilan d’activité du cours de gestion en DSAAT (diplôme supérieur d’art appliqué) option créateur, concepteur textile.

Période de septembre 2008 à avril 2009

Mise en place d’un apprentissage utilisant les réseaux numériques et les technologies nomades dans le cadre d’une pédagogie de projet.

Simuler la création d’un bureau de design pour acquérir des connaissances et des compétences en gestion

Travail de Aurélie Buczek DSAAT – workshop céramique

Je suis chargé de l’enseignement de gestion en DSAAT (diplôme supérieur d’art appliqué) concepteur créateur, textile au lycée La Martinière – Diderot de Lyon. Comme tout enseignant je me pose la question essentielle de la façon dont il faut structurer mon cours et la façon d’orienter la construction des savoirs et apprentissages des étudiants.

Depuis la rentrée scolaire 2008 j’ai mis en place un enseignement qui s’appuie sur l’introduction d’espaces numériques (blog de l’enseignant et blogs des apprenants) et des fonctionnalités des technologie nomades. Une année scolaire qui s’achève et qui m’amène à tirer un premier bilan de pratique. Une prise de recul réflexif qui tente de dessiner à grands traits les enjeux, les partis pris et les premiers résultats. Le processus analysé est le fruit d’un travail de recherche – action. Je suis enseignant et chargé d’études et de recherche à l’INRP de Lyon (période septembre 2007 – juin 2009) dans l’équipe EducTice pour le projet scénario de pédagogie embarquée (SPE).

Mes recherches pour le projet SPE m’ont donné les moyens de structurer une réflexion adaptée au contexte de la formation, elles ont abouti à la conception d’un scénario pédagogique. Ce modèle constitué a priori, permet de déterminer quels seront; le contexte de la formation, les acteurs, les outils utilisés et les ressources créées. L’année de pratique et d’observation a été l’occasion de poser des jalons. En attendant les résultats de l’enquête qui sera menée auprès des étudiants, quelques grandes tendances peuvent être mises en évidence : une pédagogie qui modifie des habitudes anciennes, une prédominance de l’écrit, une difficulté à gérer un projet dans une dimension hypertextuelle mais une réelle dynamique de collaboration qui émerge. Le travail engagé s’il pose des questions de pédagogie centrée sur la section de DSAAT, interroge aussi de façon plus large sur la cohérence d’un processus élaboré dans un espace hétéroclite (web 2.0) par rapport aux environnements institutionnels de type ENT.

Enjeux, hypothèses, analyse du contexte

Le projet engagé tient compte à la fois des instructions officielles rappelées dans le référentiel de formation et cherche à instrumenter les réseaux numériques (initiative personnelle), les technologies nomades et leurs fonctionnalités spécifiques (souples, légères, ubiquitaires,coopératives, collaboratives). L’hypothèse retenue est que la méthode pourrait permettre d’amener progressivement les étudiants à des pratiques de travail collaboratif et de  co – construction des connaissances. Le travail engagé par le groupe est ordonné autour d’un projet : la simulation de création d’un bureau de design. Toutes les étapes du projet interrogent des champs spécifiques, liés au droit, à la propriété industrielle, au marketing, au droit des contrats, à la responsabilité civile, aux rudiments de comptabilité … Toujours en écho avec un positionnement  de designer. Chaque étudiant doit mener son projet en utilisant les fonctionnalités d’ un espace numérique : le blog, ouverture vers une réflexion élargie hors les murs du lieu de formation.

exemple

Design

Gestion

Créer son atelier de design

S’interroger sur l’organisation d’un atelier de design – Quels sont les équipements nécessaires pour exercer son activité (technologie et financement) – Définir son coût de constitution – Ai je les fonds nécessaires pour lancer mon activité ? (financement) Puis je cumuler une activité indépendante et une activité salariée ? (droit du travail)

Créer un motif, forme

Combien de temps faut-il pour créer la forme, le motif ? (gestion de projet) Où vais je trouver les clients susceptibles d’acheter mes productions ? (marketing et commercial) Puis je utiliser un dessin déjà existant ? Quel est mon statut de créateur ? Que se passe t-il si je ne respecte pas les délais de création ? (responsabilité) Quels sont les prix du marché (constituer ses réseaux) ?

Source http://dsaa.wordpress.com

Au moment de la préparation de cet enseignement deux positions pouvaient être adoptées :

Choisir de dispenser un cours orienté plutôt vers le transmissif, faire apprendre des concepts de gestion dans un cadre le cadre horaire prévu par le référentiel ( 2 heures en DSAAT 1 et 1 heure 30 en DSAAT 2) et en débattre au sein des projets de design, le risque étant de sombrer très vite dans l’organisation d’exposés théoriques et roboratifs voire inutiles (?) Les savoirs engrangés risquent de ne pas dépasser, en terme d’utilité sociale et professionnelle, le stade de la validation.

Choisir de faire apprendre en intégrant des méthodes de type coopératif et si les conditions le permettent de type collaboratif. L’aspect réseaux numériques est un élément très important de cet apprentissage non pas parce qu’il faut céder à tout prix au mirage techreticulairenologique et de l’innovation mais parce que les fonctionnalités des réseaux permettent assez souvent de construire les connaissances.

Liens réticulaires

J’ai posé l’hypothèse que la seconde position était la plus à même de satisfaire mes intentions, en ne renonçant cependant pas à deux points :

– Utiliser lorsque cela est nécessaire des méthodes transmissives puisqu’elles ont, à mon sens, toutes leurs places à certains instants des apprentissages;

– Innover en matière pédagogique n’est pas liée systématiquement aux solutions numériques. Le métier d’enseignant est intrinsèquement lié à l’innovation, exemple : Lorsque le corps enseignant s’adapte à des publics plus bavards:-(, moins attentifs dans la durée, Il innove dans ses méthodes d’enseignement :-), lorsqu’un enseignant demande aux étudiants de s’extraire de la classe pour organiser une entrevue avec un designer, il innove, lorsqu’il  demande aux étudiants de faire du “shopping” (magasinage) pour comprendre les enjeux de gestion, il innove …

La mise au point d’un scénario pédagogique

 

Je pratique le blog depuis 1994. Le premier que j’ai conçu, dont je n’ai plus de traces numériques, s’est construit par tâtonnements, par bricolage pédagogique. L’expérience, la prise de recul réflexif, l’intégration dans l’équipe EducTice, m’ont permis de construire ce nouvel enseignement par une analyse a priori et la mise au point d’un scénario pédagogique. Le présent billet constituant un troisième volet, l’analyse critique de pratique a posteriori.

Pour résumer la démarche, l’objectif est d’aider  les étudiants à donner un sens design à des concepts théoriques, pas seulement comme un élément de validation d’une UV (même si c’est un élément important du dispositif) mais aussi et surtout comme un instrument d’insertion dans la vie professionnelle, de constructions de savoirs,de compétences et de connaissances :

Cf :

– “L’ambition de ce travail est de permettre aux étudiants de donner un sens “design -mode, -textile” à des concepts économiques, comptables et juridiques. Les étudiants se donneront les moyens de relier leur pratique aux concepts de gestion législation.

Pour reprendre les concepts de Marcel Lebrun (professeur à l’université de Louvain -Institut de pédagogie universitaire et des multimédias Grand-rue, 54 B-1348 Louvain-la-Neuve ). Le travail doit répondre aux questions suivantes :

  • – poser le problème (quelle est la question ?)
  • – comprendre le problème, se l’approprier –
  • – formuler des hypothèses (des réponses anticipées et à vérifier par rapport aux questions qui émergent de la situation et que l’étudiant se pose)
  • – entreprendre différentes actions raisonnées afin de tester ses hypothèses (organiser la recherche, consulter les sources, analyser la bibliographie, l’évaluer, en faire une synthèse …)
  • – interpréter et évaluer les diverses solutions en fonction de critères relevant du contexte
  • – établir une nouvelle synthèse et des conclusions.” (http://dsaa.wordpress.com)

Ce scénario à deux fonctions, construire un enseignement et construire les apprentissages des étudiants.

Construire l’enseignement car il est nécessaire de concevoir a priori le travail pour les deux années de formation. Il n’est pas possible de camper sur une posture simple de maîtrise d’un savoir académique (la gestion), il faut être en capacité d’intégrer ces acquis pour un public spécifique, qui a l’absolu besoin de croiser des savoirs. Il est par conséquent nécessaire de cerner les bases du travail en faisant émerger et en analysant  les points suivants : le contexte de l’apprentissage, les acteurs des apprentissage, les outils qui seront utilisés, les fonctionnalités mises en œuvre, les ressources à concevoir et les façons de les construire.

Construire les apprentissages des étudiants – La scénarisation est intégrée comme un pont entre l’intention de l’enseignant et la pratique des étudiants. Un cadre de travail est orienté à la fois par un scénario narratif et sa version numérique sous forme de modèle (un squelette pour reprendre une terminologie de SPIP) de type .xml

Ce modèle, extension du scénario enseignant tient compte de divers paramètres parmi lesquels il convient de citer : le choix de la plateforme wordpress en ligne, un modèle de mise en page blog caractérisé par l’existence d’une page d’accueil fixe, la présence de thématiques identifiées et de mots clés (tags) pour fluidifier la circulation des internautes, la distinctions entre les informations stables (pages) et les ressources disciplinaires (articles), la présence de flux RSS, d’un moteur de recherche plein texte.

Dans les deux configurations, la stratégie mise en place suppose la maîtrise de  compétences multiples.

Compétences mise en œuvre

Technologique

Maîtriser des outils numériques notamment ceux issus du web 2.0. Construire une somme cohérente à l’aide d’un ensemble d’outils hétéroclites (environnement choisi)

Juridique

Designer et mettre en ligne c’est par deux fois créer du droit.

  • mettre en ligne ses propres productions
  • mettre en ligne les productions des autres

Organisationnelle

Réfléchir aux droits accordés sur son blog

  • Suis je le seul auteur ?  – Blog [tribu]ne scientifique
  • Suis je un acteur parmi d’autres ? blog coopératif, collaboratif

Rédactionnelle

Investir les réseaux numériques expose le rédacteur à un lectorat étendu. Je ne mets en ligne que des billets qui ont été lus, relus et validés. Je n’hésite pas à me munir d’un dictionnaire et du Bécherelle, outils non numériques mais efficaces.

L’utilisation des réseaux numériques permet de communiquer non seulement grâce au texte mais aussi :

– l’image

– le son

– la vidéo

Ces trois façons supplémentaires de “rédiger” posent la question de nos capacités à les intégrer dans les dispositifs de formation.

NB: Mettre en ligne une vidéo est pour moi une compétence “simplement” technologique. Didactiser le document devient une compétence rédactionnelle.

Régulation

Les blogs sont équipés de fonctionnalités interactives, les lecteurs peuvent donner leur avis, les acteurs du projet peuvent rédiger des billets sur votre espace. Il déterminer la nature des droits que l’on souhaite accorder. Plusieurs niveaux de lecture, écritures peuvent être attribués administrateur, éditeur, auteur, contributeur.

Il faut aussi s’interroger sur le statut des billets, doivent-ils être publiés, codés ou privés ?

  • en ligne, codé, privé.

Il est nécessaire de commencer la session de formation par une explication des enjeux aux étudiants, par la mise à disposition du fichier .xml pour donner un cadre de travail structuré (le coopératif de façon paradoxale commence par une phase transmissive). Quatre à six heures de cadrage méthodologique me semble indispensables.

Le contexte de l’apprentissage

.

Ce travail est mené dans une section qui forme des créateurs concepteurs textile / mode. Ces futurs professionnels ont “ en charge l’aspect “sensible” d’un projet. Il travaille dans son domaine, le textile mais également autour de tout ce qui touche au matériau au sens large, à la dimension de la surface: couleur, matière, texture, motif. Il peut revendiquer des domaines d’action très divers: aménagement de l’espace, cosmétique, design alimentaire, mobilier, …” Blog de Lola Day DSAAT

Le créateur / concepteur textile est un professionnel du secteur qui doit avoir une formation polyvalente, contrairement aux idées reçues il ne se construit pas uniquement dans le champ des arts mais dans le champ des arts appliqués. le terme d’appliqué signifie qu’il doit comprendre les enjeux technologiques, économiques, juridiques et marketing … qui formatent son univers professionnel. C’est la mise en cohérence et la compréhension de ces divers univers conceptuels qui permettra au futur professionnel d’optimiser ses chances d’intégrer la vie professionnelle.

 

Les acteurs des apprentissages

 

Dans un cadre de formation traditionnelle c’est le duo enseignant / apprenant qui a force modèle. Dans le cadre de ce travail initié avec les DSAAT le référentiel donne le tempo des modalités de formation, il s’agit d’un apprentissage organisé autour d’une pédagogie de projet. Le thème imposé aux étudiants étant la création d’un bureau de design, il est nécessaire pour ne pas dire indispensable d’ouvrir la participation à des tiers. Le cercle des acteurs au-delà du duo traditionnel enseignant / apprenants s’élargie aux professionnels, aux anciens étudiants mais pourrait dans un schéma plus ambitieux intégrer les autres professeurs de la section, l’administration et les corps d’inspection.


Les outils utilisés

 

 

J’ai choisi d’utiliser le mot outil, mais il faut comprendre fonctionnalité de l’outil car ce qui importe dans cette démarche sont les utilités pédagogiques. De ce point de vue l’introduction d’Internet ne donne pas naissance  au questionnement sur enseigner dans et hors la classe, Jean Valérien, en son temps pose déjà une question similaire avec la radio scolaire. La nouveauté d’Internet est de mettre à disposition des enseignants et des apprenants une quantité impressionnante de solutions ubiquitaires.

Le travail mené, guidé par le scénario pédagogique pose de prime abord la question suivante, quelle est mon intention ? comment puis je la satisfaire ? La démarche part donc du besoin pour aller à l’outil, jamais le contraire. Listons le couple besoins / fonctionnalités – outils sous forme de tableau :

Besoins Fonctionnalités Outils Exemples

Ecrire – Organiser son plan, rédiger, relire, valider, mettre en ligne.

Rédiger un billet de blog

Windows live writer

Enregistrer un son, rédiger un billet sonore. Construire son entrevue, réaliser l’entrevue, réaliser le montage, mettre en ligne

Réaliser une entrevue avec un designer

outils nomades (téléphone portable, I.pod…), ordinateur, dictaphone numérique …

Entrevues sonores de designers

Réaliser une vidéo – Construire le reportage, réaliser le reportage, monter le reportage, mettre en ligne

Capturer un élément dynamique

Téléphone portable, appareil photo, camescope, webcam

Réaliser une photo –

Témoigner des workshops

Téléphone portable, appareil photo

Workshop textile – mode

Réaliser un diaporama – construire son plan, organiser l’enchainement des diapos, mettre en ligne.

Réaliser un travail de synthèse

Slideshare

mode d’emploi blog

Organiser une visio-conférence – Prendre contact avec le ou les participants, fixer l’ordre du jour, envoyer aux participants le déroulé de la visio, capturer la conférence, mettre en ligne.

Travailler hors les murs de la classe. Travailler de façon synchrone distante

Tok BoxSkype

Visio conférence

Insérer une vidéo – comment traiter cette information en ligne, l’intégrer dans un discours thématique.

Réaliser un document visuel d’appui

You tubeDailymotion

Vidéo entrevue de professionnels

Organiser sa veille technologique – Déterminer le thème de la veille, sélectionner les sites, suivre les informations, synthétiser.

Suivre l’actualité de son domaine d’études

Netvibes

Mur de veille technologique mode

Partager ses informations – déterminer qui seront les “followers

Travailler de façon collaborative / coopérative

Twitter

Page accueil blog DSAAT – infos mode

Partager son écran d’ordinateur à distance – déterminer le sujet de travail, fixer un RDV en ligne – connaître le fonctionnement du logiciel.

Travailler de façon distante synchrone

Mikogo

Travail distant

 

 

 

Les informations du tableau ci-dessus sont un ensemble de choix qui n’engage que son auteur, de nombreuses autres solutions auraient pu être retenues. Il est nécessaire à un moment donné de stabiliser ses choix et de les maintenir pour une durée assez longue, la cohérence du travail en dépend. Une démarche purement technophile est à mon sens une erreur car il faut tenir compte des impératifs de formation. L’introduction d’une nouvelle solution entraîne de facto une obligation de formation pour les apprenants (il faut bannir de son langage pédagogique cette phrase trop souvent entendue et fausse “c’est simple”) Il est nécessaire de concevoir une module de formation ad hoc, il faut lier la solution technologique et son potentiel pédagogique, ses applications possibles, la plus value à identifier. On peut dans  certains cas se donner le droit de reconnaître qu’une solution est inadaptée : nouveauté, numérique et en ligne ne signifient pas systématiquement utile.

 


.

De l’intention aux productions …

 

Le scénario mis en place à la rentrée de septembre 2008, même s’il repose sur une étude fine du processus d’apprentissage va inévitablement être confronté à la pratique de terrain. Cette année de formation a été riche d’enseignements.

le lignes qui suivent sont les résultats de pratique, un ressenti, une analyse à chaud. Les analyses par enquête auprès des étudiants seront réalisées plus tard.


Les difficultés à structurer les savoirs dans un espace numérique

 

Le travail engagé est ce que certains chercheurs nomment une “granularité forte”, “un scénario méta” (Jean-Philippe Pernin – INRP). Les blogs créés par les étudiants se caractérisent à ce jour (avril 2009) par une somme de travail importante mais … avec des billets qui ne sont pas coordonnés. Il est difficile de comprendre le sens d’un billet isolé de son contexte. Il est rarement fait mention du lien avec le contexte choisi alors que les enjeux sont rappelés dans les déclarations d’intentions pédagogiques du blog de l’enseignant (mis en ligne en septembre 2009) :

“Chaque étudiant(e) construira un projet de création d’atelier de design en utilisant les fonctionnalités d’un blog. Ce travail sera orienté exclusivement vers ce projet (il est bien évidemment possible de parler d’autres sujets mais cela se fera sur un autre espace). Cela signifie que tout article sera systématiquement en lien avec le projet. Le travail pourra être conçu en solo par un étudiant, mais la logique d’entreprise et les fonctionnalités des réseaux rendent probables le travail collectif (coopération / mutualisation / collaboration).”

J’ai le sentiment (à confirmer ou à infirmer par l’enquête que je vais mener auprès des étudiants) que la structure du blog rend difficile l’organisation cohérente d’un projet. Les billets semblent être perçus comme un élément indépendant, non comme une brique insérée dans un tout. Chaque billet est intéressant en soi mais est rarement mis en cohérence avec l’objet central (la création d’un bureau de design).

La rédaction des billets sous forme numérique entraîne, me semble t-il, des confusions. Les billets sont rédigés généralement de façon instantanée (à la façon d’un tweet), il me semble que le mode brouillon soit peu utilisé pour concevoir, modifier, peaufiner, relire (là encore l’enquête me donnera plus d’informations). Le choix du blog était aussi justifié par la présence de la fonctionnalité brouillon. Ma question déborde certainement l’aspect technologique et interroge sur l’étendue des savoirs méthodologiques des étudiants.

Les difficultés à passer des apprentissages transmissifs à des apprentissages coopératifs / collaboratifs

Le choix du transmissif est à bien des égards reposant pour les étudiants et pour l’enseignant parce que le chemin est tracé, reconnu et accepté par les parties. Le collaboratif est beaucoup plus déstabilisant car il suppose que l’on prenne des risques. A l’instant de lancement des apprentissages on ne connaît pas le résultat, c’est la dynamique du groupe qui va engendrer les effets, intrinsèquement le groupe se met en danger, prend des risques (réussir ou échouer, tel est l’enjeux du projet) – Je conseille de lire à ce propos l’article d’Hélène Godinet – « Scénario pour apprendre en collaborant à distance : Contraintes et complexité ». In Le campus numérique FORSE : analyses et témoignages. Rouen : Publications des universités de Rouen et du Havre, p. 113-129.

Une prédominance du texte

Le travail engagé est conçu pour que les étudiants s‘expriment dans une dimension multimodale, travailler en utilisant non seulement le texte mais aussi les images, le son et la vidéo. A ce stade du projet le texte est le medium dominant, l’image est présente sous forme brute de façon générale, le son et la vidéo sont absents. D’après les courriels que je reçois se sont des problèmes techniques qui limitent le recours à ce supports ainsi que l’espace de stockage limité :

– “ Bonsoir, je n’arrive toujours pas à mettre mon power point en ligne. J’ai regardé dans wordpress mais j’arrive toujours pas. Pouvez vous m’aider?
Merci et bonne soirée.” Noëmie

– “Le portofolio est un medium très intéressant pour communiquer ouvertement et plus personnellement avec des professionnels..
Nous avions parlé de pouvoir montrer des dossiers de travaux aux personnes intéressées, le but étant d’être clair et concis…
Un envoi en format .pdf n’est pas forcément lisible par tout le monde ( pas assez de mémoire pour lire ce dossier…par exemple…) par contre la création d’un book/portfolio en ligne pourra permettre via un lien internet d’y avoir accès très simplement.” Marie

– “Bonsoir, j’ai quelques petits soucis de mise en page des articles que j’ai publiés sur mon blog, ils s’affichent tous en page d’accueil, ce qui me fait une page à rallonge alors que j’aimerais que seul soit visible le “bienvenue à tous”, comment dois-je faire? Je voulais savoir aussi s’il était possible d’optimiser à fond ce blog pour mettre en ligne mes projets et la communication de ma démarche de future designer” Aurélie

Le travail à mener pour le futur est de développer les billets intégrant le son et la vidéo, logique de travail dictée par l’observation des pratiques professionnelles, notamment celles des bureaux de tendances ont fait leur le message multimédia.

Les imprévus heureux …

L’intention initiale du scénario est bel et bien de tenir compte de la porosité de l’espace éducatif (on apprend dans mais aussi hors la classe). Intention modeste dans l’esprit du concepteur mais enrichie par des contributions inattendues.

Le réseau social Facebook a eu un effet amplificateur sur cette construction. J’ai réussi à solidifier mon réseau d’anciens étudiants de façon très rapide par la capillarité de FB. En sollicitant les anciens étudiants devenus professionnels du secteur il a été possible de mettre en ligne des billets traitant de l’objet central mais avec une vision du monde du travail. Les réseaux numériques permettent de croiser les analyses, la conception est co-partagée. Des informations de grandes qualités sont parvenues (sans sollicitations aucunes) et ont permis la mise en ligne de billets supplémentaires contribuant à  enrichir les apprentissages.

Les perspectives

 

 

Le travail engagé pour cette année 2008 / 2009 va se poursuivre avec les étudiants “cobayes” et sera initié avec la promotion à venir (elle bénéficiera du recul pris par l’enseignant).

Ce travail même s’il me paraît être, à bien des égards, positifs pose d’autres questions auxquelles je n’ai pas encore de réponses. Toute la méthode repose sur la construction d’un ensemble cohérent mais élaboré avec des fonctionnalités d’outils épars, puisés dans un espace numérique hétéroclite – le web 2.0

Les questions à creuser sont les suivantes :

  • Comment va se construire l’identité numérique des étudiants suite à cette expérience ?
  • Quelles sont les garanties de protection des données mises en ligne ?
  • Quelle sera l’utilisation  des données mises en ligne ?
  • Comment pourrait –on utiliser les modèles construits dans le cadre d’un environnement hétéroclite pour les insérer dans un environnement numérique institutionnel (ENT) ?

C’est à la lumière de ces questions que pointent les limites de l’exercice. Comment peut-on déborder le cadre de l’expérience lorsque l’on a de légitimité que celle de l’enseignant ? Comment faire cohabiter les travaux réflexifs d’un enseignant isolé et les analyses et constructions des institutions ?

Je reste persuadé que la flexibilité des solutions web 2.0 peuvent être compatibles avec les constructions des  environnements institutionnels. La confrontation des démarches ne peut être que féconde si les parties sont en capacité (ont la volonté) des trouver un champ commun de coopération. Peut être faudrait-il provoquer une rencontre, engager un programme de recherche entre les enseignants et les responsables TICE des collectivités locales ? Je pose la question.

Je me donne une année supplémentaire de pratique et d’observation pour affiner la méthode et être en capacité de pouvoir la modéliser de façon plus précise. Une enquête va être engagée auprès des étudiants. Je vais passer à une solution wordpress locale par téléchargement du logiciel libre et d’un nouvel hébergement auprès de l’APINC (mise en ligne prévue pour septembre 2009). Un mémento papier sera distribué à chaque étudiant en début de formation pour cadrer les enjeux de la démarche (le mémento)

Je donne rendez-vous en avril 2010 pour le prochain billet d’analyse de pratique. Deux sections seront observées; les DSAAT 2 et les DSAAT 1.

 

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6 Réponses to “Bilan d’activité pour l’année 2008 /2009”

  1. Gael PLANTIN 26 juillet, 2009 à 8:40 #

    Intéressante réflexion Jean-Paul !

    J’aurais aimé visualiser les productions de vos apprenants, mais je n’ai pas vu de lien…

    Vous soulignez la difficulté d’utiliser un blog dans le cadre d’une gestion de projet.
    Il me semble que c’est lié à la conception même de l’outil blog qui vise davantage à la publication de briques contextuelles.
    Par ailleurs, pourquoi avoir choisi une telle diversité d’outils numériques ?

    J’utilise toute la chaîne des outils Google.
    Certains crieront au loup : ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier… Sans doute…

    Néanmoins, l’intégration des outils permet d’envisager des pratiques plus intuitives, capables de mêler des aspects analytiques avec des aspects synthétiques.

    Personnellement, j’utilise :
    * Google Reader pour gérer les flux RSS qui m’intéressent et partager les billets qui m’interpellent ; Je combine Reader avec DELICIOUS pour le partage de signets.
    * Google Documents pour rédiger, en colloboration ou non, des documents (Texte, tableur, diaporama) qui nécessitent un travail de réflexion important ; Les fonctionnalités de publication me permettent de mettre en ligne ce qui doit l’être ;
    * Google Blogger pour publier des billets rapides, mais j’utilise aussi les possibilités de transferts entre Documents et Blogger pour nourrir Blogger.

    Dans le cadre de votre réflexion, j’aurai proposé à mes étudiants :
    * d’utiliser Google Documents pour rédiger leur projet de création d’un atelier de design ;
    * de publier leurs traces d’apprentissage sur blogger ;
    * de partager leurs favoris sur DELICIOUS.

    Ainsi, vos apprenants réduisaient le nombre d’outils numériques à maîtriser et pouvaient consacrer davantage de temps à leur coeur de projet.
    Le recours au MindMapping n’est-il pas une des pistes possibles pour les aider à structurer leur contenu (Utilisation de Mindomo ?).

    • Jean-Paul Moiraud 26 juillet, 2009 à 9:45 #

      Bonjour Gael,

      Merci pour le commentaire, il me permet d’alimenter mes traces, c’est très productif pour mes analyses.

      Une réponse à ton commentaire :

      Depuis la publication de ce billet, mon travail a évolué il est désormais en ligne à l’URL suivante http://dsaa.apinc.org et les travaux de mes étudiants peuvent être visualisés à l’URL suivante :http://dsaa.apinc.org/les-blogs/blogs-des-etudiants/dsaat-2/

      (le blog que tu viens de lire est mon travail de réflexion sur ma pratique)

      Le choix des outils – C’est une question éternelle et le choix d’une solution ressemble à la cuisine chacun à sa recette et pense (à juste titre) avoir la bonne solution. Au final ce qui m’importe ce sont les fonctionnalités mises en œuvre et les compétences acquises par les étudiants. Chaque jour qui passe amène une nouvelle solution technologique toujours plus performante, alors j’ai fait des choix sans avoir la certitude de faire LE bon choix.
      La diversité n’est pas forcément un désavantage dans le métier de designer de mode dans le sens où c’est un milieu ou l’on intègre fortement les outils du we 2.0, c’est donc une capacité acquise en cours de formation.

      delicious c’est intégré, en tout cas je vais le développer cette année (j’en suis à ma deuxième année sur cette section). Mon blog intègre une veille technologique grâce à delicious (voir colonne de gauche) et j’ai rédigé des billets en ce sens – http://dsaa.apinc.org/2009/07/17/delicious-et-travail-collaboratif/

      Le mindmapping – C’est aussi traité dans le blog : http://dsaa.apinc.org/?s=carte+mentale

      Voila une réponse rapide, sommaire bien sûr. De toute façon je continue le travail et en juin je vais publier le second bilan

      Cordialement.

      JPM

  2. Lardy 6 août, 2009 à 5:25 #

    bonjour,
    enseignant à l’iut GEA de Vienne (38). Je suis en charge des projets tutorés et je compte mettre en place une gestion de projet via des blogs.
    Une dimension intéressante de la création de blogs attachés à un projet, c’est la construction de l’identité numérique des étudiants.
    Je compte m’inspirer de vos réflexions et je vous ferai un retour si vous le désirez.
    Cordialement
    Laurent

    • Jean-Paul Moiraud 12 août, 2009 à 3:20 #

      Je vous fais une réponse détaillée dès mon retour de vacances. Sur le principe je suis très enthousiaste.
      Cordialement.

      JPM

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