De la théorie à la pratique.
J’avais rédigé un billet en fin d’année scolaire juin 2010 intitulé « équipement de la classe 2.0 « . Je vais mettre en pratique ces principes cette année. Terminé la translation dans la salle d’informatique dédiée. Internet c’est quand on veut, lorsque les besoins pédagogiques l’exigent. Je vais installer un hub dans ma classe, les étudiants viendront avec leur cable RJ 45 et en route pour le cours 2.0. Les détenteurs de I.phone (il y en a) pourront l’utiliser en cours.
Voici les premières images de ma classe de BTS IMS prises et envoyées avec le I.phone de Camille 🙂
Les esprits chagrins me diront : « elles vont en profiter pour jouer au démineur » Je réponds « qui n’a jamais joué au morpion quand le cours était ennuyeux ? » Conclusion :
- On a pas attendu le numérique pour s’ennuyer en cours ;
- Il faut que le cours soit intéressant (le plus difficile), la réponse doit graviter dans le domaine de la pédagogie et de la didactique ;
- J’ai des étudiantes sympathiques et motivées, chaque jour que la laïcité fait, je mesure ma chance.
NB : au moment où les photos sont prises nous n’avons que deux prises brassées et une connexion par wifi sur un voisin du lycée. Lorsque le hub sera installé le placement des étudiants en cours se fera de façon différente.
04 / 10 / 2010
J’ai enfin obtenu un hub. Nous avons commencé les cours avec le tout internet. C’est à première vue un grand confort de travail pour le professeur et pour les élèves. Je n’avais pu malheureusement préparer mon cours en intégrant cette dimension parce que je ne m’attendais pas à l’avoir aussi vite. Nous avons pu :
- Corriger le travail sur le marketing qui avait été réalisé sur Étherpad. Une conclusion des étudiantes à propos du travail collaboratif « on fait moins de fautes » ;
- Accéder aux documents d’appui à la demande. En l’espèce la consultation de légifrance pour la partie code, la consultation du site de l’APCE pour des questions comptables.
La construction d’un travail c’est aussi compter sur le sens de l’imagination de ses étudiants. Deux étudiantes étaient absentes pour cause de maladie. Le cours a été saisi sur clavier, converti en .pdf et enfin envoyé aux absentes dès la fin du cours. Au moment du debriefing du cours, les élèves ont évoqué le cours d’anglais. Ma collègue souhaite faire travailler les compétences linguistiques par écoute de podcast et en individualisation.
Après concertation avec ma collègue il est convenu que les élèves amèneront le hub en cours et s’occuperont de l’aspect technique (i.e branchement au réseau électrique et au réseau informatique), ma collègue se concentrant sur la didactique et le pédagogie des langues. Mes étudiantes sont des techno-sherpas* :-). Cette expression signifie que les étudiantes sont en capacité d’assister un enseignant sur les aspects technologiques, à la façon d’Obélix elles sont tombées dans la marmite toutes petites.
Nous avons évoqué le cas des absentes (les gastros commencent à sévir). Les élèves souhaiteraient pouvoir assister au cours en cas d’absence. Elles m’ont suggéré d’utiliser Étherpad pour la prise de note en direct et le monde virtuel pour avoir le son. C’est une idée à creuser.
06/10/2010
Revenons à Étherpad (typewithme) et à la disposition de la classe. Mes multiples expériences me démontrent (la valeur du propos n’est que factuelle) que l’introduction du numérique n’a de chance d’aboutir que si on propose une autre pédagogie. En l’espèce l’introduction d’internet « en live », la présence des portables et/ou des smartphones impose des évolutions. Je vais lister ces évolutions :
- Le tableau blanc ne se justifie plus (se justifie moins) parce que l’information est renvoyée sur les écrans, on peut interagir sur le réseau d’ordinateurs ;
- Le vidéo projecteur ne me sert plus (me sert moins), puisque l’information est aussi relayée sur les moniteurs ;
- On peut interagir en direct sur les écrans en plus du travail oral de base.
Par contre le travail de préparation est différent. La solution de facilité consisterait à « googleliser « l’information. Exemple recherchez sur Légifrance l’article L 123-12 du code de commerce. La recherche est assez complexe. Il me semble préférable de sélectionner en amont l’URL, de la partager (c’est la fonction de Étherpad) et de se concentrer sur l’essentiel analyser les obligations des commerçants en matière comptable. Le travail de recherche et sélection des sites est un travail long et complexe. La page est ici
Éric Guiraut, professeur au lycée Carriat de Bourg en Bresse utilise aussi Étherpad avec ses élèves de STG pour organiser une recherche collective sur un sujet de droit – C’est ici
Ce travail de construction s’appuie sur Étherpad parce qu’il faut à un moment sélectionner un outil mais … il est tout à fait possible d’utiliser d’autres solutions (google doc, twitter …). Je ne souhaite pas être le chantre de tel ou tel outil à la mode mais bien poser les bases d’une réflexion sur le travail collaboratif instrumenté par le numérique.
Maintenant que la structure est installée, il me faut justifier la démarche et répondre aux commentaires nombreux 🙂
En instaurant cette démarche je cherche, tout d’abord, à avoir un accès aux ressources qui étayent mon propos, exemple : lire les articles du code de commerce, analyser un bilan, projeter quelques diapositives d’un diaporama… Jusque là rien de bien nouveau si ce n’est que j’ai accès à des ressources vives, mises à jour, fiables et très nombreuses.
Ce qui m’importe le plus c’est qu’à coté des savoirs disciplinaires, je permets à mes étudiantes de développer de nombreuses compétences. Mon cours à pour vocation d’inscrire l’enseignement de le gestion dans un espace spécialisé, celui de la mode et de l’habillement. Il serait vain de vouloir « bourrer » les cranes avec des notions conceptuelles sans lien avec un environnement. Il s’agit donc pour moi de concilier un enjeu de réflexions sur l’impact des sciences de gestion dans une démarche marquée par un fil rouge technologique. Savoirs académiques et compétences transversales concentrés en un seul moment de formation. Le numérique n’est plus comme dans les années 90 une discipline à part mais un élément intégré au cours. Je ne me vois pas dispenser un cours à part. En résumé j’aimerais bien que mes étudiantes n’acquièrent pas que des savoirs théoriques mais aussi des compétences qu’elles pourront opérationnaliser très vite dans leur profession. Je viens de lire un lien transmis par Jacques Rodet et qui complète mon propos (en mieux) –ici
Quelles compétences sont mobilisées ?
- Travailler de façon collaborative (le travail en classe pose les bases du travail distant) ;
- Organiser son lieu de travail (branchement au réseau) ;
- Travailler de façon distante (convier des spécialistes via les mondes virtuels, possibilité de suivre le cours à distance en cas de « petite maladie« ) ;
- Partager son travail (rôle de Étherpad et de son chat) ;
- Préparer son travail à domicile (anticipation d’un cours à venir) ;
- Comprendre les enjeux des fonctionnalités d’outils dont l’objet est la collaboration ;
- Apprendre à rédiger ;
- Apprendre à synthétiser.
Cette construction différente du cours pose la question du rapport aux anciennes façons d’apprendre et d’enseigner. Le rapport au tableau dans la classe (quelle place, quelle fonction ?), Quelle convergence collective, vers quel objet / ressource ? La place et le rôle de l’enseignant dans ce genre de dispositif ? Peut-on accorder des méthodes essentiellement transmissives avec une structure réticulaire de la construction des savoirs ? Et bien d’autres questions encore.
A suivre…
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* « The sherpas are often on hand to help teachers spontaneously in class » – Blog ou « Dans certains lycées, on décerne même le titre de “techno-sherpas” aux jeunes chargés d’aider leurs enseignants à apprivoiser les nouvelles technologies, qu’il s’agisse de débuguer leur ordinateur, de contribuer au cours en allant chercher des informations sur l’internet, ou tout simplement de l’aider à apprendre à s’en servir. Non seulement leurs notes ont tendance à s’améliorer, mais cela contribue aussi à améliorer les relations, et le respect, entre enseignants et lycéens. » Internet actu
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